Un héros pas si prévisible
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Grâce à la qualité de son interprétation, Jean-Claude Drouot a donné au personnage de Thierry la Fronde une vraisemblance qui confère une grande autorité à son personnage. Quelles sont les caractéristiques et les talents de notre héros ?
- Thierry la Fronde / Jean-Claude Drouot : même combat ! La même fougue juvénile…
- Magazine TV France N°87 – novembre 1963
Pour moi, la pâté aux Anglais, ce sont des jeux d’enfant, comme les gendarmes et les voleurs. La loyauté, la franchise du personnage, ce sont des valeurs, une réalité qui était la mienne.
Ce qui m’appelle, ce sont les héros, ça peut être les héros de l’Antiquité. C’est une question d’apparence, de crédibilité. Thierry la Fronde n’est pas un surhomme.
Jean-Claude Drouot, interprète du rôle de Thierry la Fronde
Thierry a ceci de commun avec Florent, que son passé et ses attaches familiales et sociales nous sont très peu connues. Le tout premier épisode le prive de Bruel, assassiné sous ses yeux par les soldats anglais. Il est le seul ami de sa condition qu’on lui connaisse. Plus de parents, pas d’amis : on décèle chez Thierry ce côté « solitaire » qui lui octroie une part de mystère, d’indépendance et lui permet une certaine liberté. Pas de compagne non plus puisque si ses liens amoureux avec Isabelle sont plus ou moins évoqués à chaque épisode, ils ne sont illustrés par aucune scène qui en préciserait la nature. Les plus traditionnalistes des téléspectateurs pourront percevoir cette absence d’attaches comme une fragilité, c’est bon pour la dynamique d’un héros ! Ajoutons que le fait que Jean-Claude Drouot soit inconnu des téléspectateurs renforce ce phénomène, il est vierge, à leurs yeux, de tout passé artistique, il va devoir imposer sa personnalité et tenir son rang de leader. Une petite incertitude qui apporte énormément à la dynamique de la série. Un personnage trop assuré, trop prévisible cesse vite d’intéresser le spectateur.
- De Bruel (interprété par Antoine Bau), le seul ami de son rang qu’on connaisse à Thierry de Janville.
- Photogramme issu de l’épisode 1.01 Hors-la-loi - INA
Jean-Claude Drouot cite la franchise et la loyauté et parle de valeurs, ce sont effectivement des éléments qui façonnent la personnalité d’un héros. Fort heureusement, la trame qui compose l’étoffe de celui qui nous intéresse n’est pas cousue de fil blanc. En effet, Thierry est un peu jeune, un peu vert. Il se comporte parfois comme un chien fou : il s’expose en prenant des risques considérables, il prend un malin plaisir à bousculer la routine de ses compagnons. Il est un chef respecté et plutôt autoritaire. Bien qu’étant jeune, il ne recule pas devant une leçon de morale ou un couplet paternaliste. Il a le sens des responsabilités mais il sacrifie son confort personnel à un code de l’honneur et selon un sens du devoir qui ne recueille pas toujours l’assentiment des compagnons.
- Veillée d’arme ou bilan : Thierry la Fronde joue un rôle central.
- Vignette issue d’un épisode de la version BD publiée dans la collection Télé Série Verte
Thierry peut se montrer quelque fois lunatique et irritable. Voyez comme il perd patience facilement face aux caprices et aux maladresses du filleul du roi qui n’est pourtant qu’un enfant (épisode 1.06). La dimension humaine du héros joue aussi bien sur le plan de la psychologie que sur le plan physique. Il arrive que Thierry soit blessé, qu’une lueur de panique passe dans ses yeux (épisode 1.06). Dès le tout premier épisode, malgré son ardeur et son adresse au combat, il est défait, submergé par le nombre. A plusieurs reprises, on le trouvera évanoui, à la merci de ses adversaires. Thierry n’est pas invulnérable, il n’en a que plus de mérite à remplir sa mission, d’épisode en épisode.