Un projet convaincant

jeudi 7 avril 2016
par  Froissart
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Nous savons que le producteur joue un rôle de chef d’orchestre, qu’il est à la source des décisions essentielles sur le plan artistique et sur celui de l’organisation. Il ne faut pas l’imaginer rivé à son bureau, il met la main à la pâte, comme en témoigne Claude Matalou.

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Claude Matalou complice du photographe : c’est qui la star ?
Collection personnelle - Claude Matalou

Avec l’administration, le montage, la déco, les machinos constructeurs, il devait y avoir une vingtaine de personnes payées au mois pendant la première année de Thierry la Fronde. Pour constituer les équipes, nous prenions les techniciens avec lesquels nous avions déjà travaillé en fonction de leurs libertés. De leur côté, ils nous étaient également fidèles. Quand il y avait un gros morceau de décor à faire, on prenait des gens de l’extérieur aussi. Les accessoiristes, les maquilleurs, les habilleurs n’étaient pas forcément les mêmes sur toute la durée du feuilleton. Les opérateurs, la prise de son, la production restaient les mêmes.
Quand vous avez une trentaine de personnes à la technique, au bout d’un certain temps, il y a des problèmes de contact, c’était à moi de les régler. On doit travailler en équipe. L’esprit d’équipe est une valeur que j’ai toujours encouragée parce que j’avais pratiqué beaucoup le sport en équipe, le basket surtout. J’étais là, aussi, en tant que producteur, pour empêcher les réactions négatives ou trop positives. (Claude Matalou, producteur délégué).

Le producteur se doit de prendre des engagements qui comportent des risques, à lui de se montrer capable de les mesurer et de persuader ses collaborateurs que l’entreprise peut les assumer.

En 1962, nous étions déjà une grande société de production. La RTF nous avait commandé précédemment « Le temps des copains » et «  Janique Aimée  » mais personne encore, ni eux, ni nous n’étions véritablement entrés dans le nœud de l’action. On hésitait. (Claude Matalou, producteur délégué)

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Tournage d’une scène du Temps des copains : on ne change pas une équipe qui gagne !
Télé France films

Cette hésitation signifie que l’équipe dirigeante de Télé France films a conscience que la réalisation d’un feuilleton comme Thierry la Fronde réclame à la société de passer à un échelon supérieur, de franchir une nouvelle étape. C’est un risque à courir. La force de persuasion de Jean-Claude Deret est un des arguments qui va la convaincre de franchir le pas. Claude Matalou le souligne :

Pour Thierry la Fronde, le travail de préparation s’est joué au niveau de l’écriture. Je ne suis pas intervenu dans l’écriture. Jean-Claude Deret écrivait quasiment tout seul ou à peu près. Guez, en tant que réalisateur, voulait savoir où il allait. Ils se réunissaient pour en discuter. Nous, techniciens, au bout du compte, nous nous basions, sur le scénario.
Deret avait présenté l’idée à Canello qui a bondi là-dessus car, à ce moment-là, à la télévision, il n’y avait rien de ce genre. En réalité, celui qui est responsable de tout ça, c’est le grand patron de la société. Pour convaincre Canello, il a fallu que l’auteur amène un dossier fabriqué. Deret a été un grand bonhomme pour imposer Thierry la Fronde, positif et percutant. (Claude Matalou, producteur délégué)

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Le décor de l’auberge : convaincant et… modulable.
Télé France films

Voici ce qu’en dit l’intéressé, Jean-Claude Deret :

Avant de débuter les tournages, j’avais déjà écrit au moins la moitié de la première saison, un synopsis complet de ce que serait la série et un livre parce qu’ils ne pouvaient pas signer dans le vide. Ce livre est un bouquin avec des feuillets mobiles que j’ai présenté à Michel Canello. Il contenait les épisodes, des encarts avec des reproductions de costumes de l’époque, d’armes, de blasons. Il a été séduit : « Là, on voit où on va ! J’appelle ça un projet ! ». Parce que je lui présentais plus qu’un scénario, j’abordais tout, les auberges, par exemple. Je montrais comment elles pouvaient être utilisées comme un décor différent.

Canello est intéressé alors je lui parle de mon idée d’en faire une série. Il me dit que nous ne sommes pas en Amérique. « C’est trop lourd pour moi », il repasse le bébé à une société de film très connue qui se révèle intéressée et manifeste son intention de réaliser deux épisodes d’une heure. J’avais pensé télévision, diffusion hebdomadaire. Je veux que ce soit diffusé avec des jeux, des jouets, tout le merchandising, ce qui se réalisera d’ailleurs. Canello finit par accepter et on signe le contrat. Nous nous situons six mois avant le tournage. Il m’achète les droits et signe ses obligations de me payer tant, tel pourcentage etc. Trois jours après, il signait un contrat de coproduction avec la RTF. (Jean-Claude Deret, comédien et auteur)


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