No replay !

dimanche 1er novembre 2015
par  Froissart
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Un feuilleton télévisé français des années 60…
…revenons à la réalité de cette simple mise en contexte pour réaliser combien peut être grande la perplexité d’un fan de Thierry la Fronde qui aurait vingt ans aujourd’hui.

La parole est à Jean-Claude Drouot qui s’exprime dans les colonnes du magazine Télé 7 jours du 1er août 1970. Cette date correspond au lancement de la première rediffusion de Thierry la Fronde, cette fois sur la deuxième chaîne de l’ORTF. Sept années se sont écoulées depuis son apparition à l’écran :
« "[…]Thierry la Fronde est ma jeunesse. Avec lui, mes rêves d’enfant sont devenus réalité. Je suis même heureux que la télévision reprenne ses aventures ne fût-ce que pour mes trois enfants qui, trop petits alors, ne m’ont jamais vu sur l’écran. […] » »

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La première rediffusion de la série date de 1970, à découvrir, à redécouvrir…
magazine Télé 7 jours, N° 536, août 1970

Que nous dit de si important Jean-Claude Drouot ? Que dans les années 1960, il n’existe aucun moyen qui soit à la portée du grand public d’enregistrer une émission de télévision  : pas de magnétoscope. La régie de la télévision elle-même ne commencera à les utiliser qu’à partir de 1961. C’est une situation totalement incongrue pour un enfant d’aujourd’hui. Cela signifie donc que le souvenir que vous conservez de l’épisode que vous venez de voir est la seule trace qui subsiste du feuilleton !

Cette impossibilité de revoir un épisode a des répercussions sur le comportement du jeune téléspectateur de 1963 que nous pouvons imaginer :

  • il a envie d’être installé confortablement, bien concentré pour profiter de ce spectacle unique.
  • il a envie de partager cet épisode avec des copains car s’il en parle avec eux, cela prolongera le plaisir, ravivera son souvenir.
  • au jour du dernier épisode, c’est peut-être la dernière fois de sa vie qu’il voit « Thierry la Fronde ».

Une seule passe pour profiter de l’épisode aura tendance à gommer les détails, les défauts mineurs pour ne conserver qu’une impression générale, flatteuse ou dépréciée… L’auteur, la production, la chaîne de télévision sont parfaitement conscients des conditions sociales de la réception de Thierry la Fronde. Une conséquence en est la diffusion à grande échelle des images liées au feuilleton à travers d’autres émissions de télévision, à travers les magazines de télévision, à travers la presse en général, à travers la littérature de jeunesse, à travers les produits dérivés.

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Un épisode de Thierry la Fronde adapté pour la circonstance, gravé sur vinyle et commercialisé dans les années 1960.
Pochette de l’album « Les aventures de Thierry la Fronde » - Philips

Quel est le support qui se rapproche le plus de la restitution de l’émotion audiovisuelle ?
Est-ce le roman-photo qui donne accès à des vignettes séquencées ?
Est-ce la panoplie qui permet d’incarner son héros ou son héroïne ?
Je pense, pour ma part, que c’est le disque 33 tours avec ses 50 minutes d’ambiances, de musiques et de voix qui restituent l’atmosphère d’un épisode, en l’occurrence, il s’agit de l’épisode 2.09 La chronique oubliée. Gardons à l’esprit qu’en ce temps, avant d’être téléspectateurs, les Français sont adeptes de la radio !