L’imag…ination en éveil
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En matière, de goûts, et c’est ce qui nous intéresse, vous n’avez sans doute rien à attendre de la sentence d’un expert qui voudrait vous dicter ses choix. Par contre, vous constatez que vous êtes souvent hésitant, partagé pour dire votre part de satisfaction et de frustration concernant l’épisode de Thierry la Fronde que vous venez de regarder.
- Pour tout téléspectateur, il y a un avant et un après…
Alors, en quoi les représentations peuvent-elles vous aider ?
Je veux évoquer maintenant ce que sont les représentations initiales. De quoi s’agit-il ? Je vous invite à vous confronter avec une image ou un texte qui est un extrait ou une représentation d’un épisode que vous n’avez pas encore vu ou que vous connaissez peu. Je pense que vous serez concerné si j’évoque un épisode de Thierry la Fronde très particulier qui a pour titre « Le collier de Janville ».
- Trois photogrammes issus de l’épisode inédit produit dans le cadre de l’émission « La revue des feuilletons » diffusée à l’antenne le 27 décembre 1963.
Commençons précisément par ce titre « Le collier de Janville ». Certains titres sont faits pour disposer notre cerveau à se concentrer sur un sujet précis, d’autres pour titiller notre imagination, pour exciter notre curiosité. Je m’adresse à votre faculté d’invention pour imaginer comment est fait un épisode baptisé « Le collier de Janville ». J’imagine vos réflexions : « Je pense que je peux y trouver ça, ça et ça.... J’aimerais bien qu’on y joue une scène où se passerait ceci, qu’untel joue tel rôle… Est-ce que ça pourrait ressembler à cet épisode qui s’appelle « Pierre précieuse et perle fine » (2.04) ? »
Je vais vous dévoiler trois photogrammes qui sont extraits du « Collier de Janville ». A vous de jouer !
Vous connaissiez déjà le pouvoir évocateur de l’image, toutes les pistes qu’elle ouvre, la liberté qu’elle acquière dissociée de son contexte. Je ne vous ai pas facilité la tâche, je n’ai pas précisé si j’ai disposé ces images dans l’ordre où elles se présentent dans l’épisode. Je ne vous ai pas dit non plus si j’ai sélectionné pour vous les scènes décisives…
Finalement, vous vous apercevez que vous êtes dans cet état de tension qu’on peut nommer l’attente. Vous avez sollicité plus ou moins précisément votre connaissance de Thierry la Fronde, votre expérience de téléspectateur, votre goût pour la fiction.
Si je vous ai donné envie de découvrir cet épisode, c’est que j’ai réussi une part de ma mission.
Voici le lien pour accéder à cet épisode sur internet.
De quelle façon la sollicitation de nos représentations initiales nous ouvre à la critique ?
Le fait d’avoir précédé la découverte de l’épisode d’une revue de vos représentations initiales n’est pas suffisant en soi. C‘est la distance entre vos représentations initiales et votre appréciation de l’épisode une fois visionné qui va donner tout son intérêt à cette démarche. Cet écart vous fournit des pistes pour construire votre critique de l’épisode. Il existe évidemment d’autres pistes que nous explorerons plus tard.
Ce questionnement personnel a contribué à ce que vous regardiez l’épisode de façon active : vous aviez des éléments à repérer, des choses à vérifier. Cette mobilisation des représentations initiales montre que le spectateur n’est pas tenu à la passivité, qu’il n’est pas à cours d’imagination non plus. En y réfléchissant un peu, on ne regarde jamais un épisode sans y avoir associé des attentes. Généralement, elles ne sont pas consciemment exprimées. « J’ai vu l’épisode précédent, j’attends une suite cohérente… Je n’aime vraiment pas ce personnage, j’espère qu’il va être malmené dans cet épisode… Il paraît que cet épisode a été tourné dans le village où j’ai passé mes vacances, qu’est-ce que ça donne ?… » Si je dis être déçu ou satisfait à la fin d’un épisode, c’est bien parce que j’en attendais quelque chose !